Les nouvelles figures du social : concepts et professions
La question sociale au XXIe siècle

Université d'été du 4 au 8 juillet 2016
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Filmer, narrer le social


L’atelier « Filmer, narrer le social » invitera les participants à mettre en débat les deux propositions suivantes :

Cinéma et travail social, champ/cadre
(par Martine Trapon, Directrice de l’Ecole normale sociale)

Le travail social et le cinéma ont en commun deux notions fondamentales indispensables à leur exercice, la notion de cadre et celle de champ.

Le « champ » cinématographique désigne la portion de l’espace visible à travers l’objectif de la caméra et limité par le « cadre ». D’un point de vue technique il définit une zone en trois dimensions dans laquelle évoluent les acteurs lors du tournage. Décorée, éclairée et sonorisée c’est ce que le spectateur verra ensuite sur l’écran.

Les frontières de l’action sociale sont mouvantes et difficiles à repérer. La pratique du travail social ne se définit ni par les caractéristiques des personnes aidés ni par ses lieux d’exercice, très nombreux et divers dans leur forme d’organisation et leurs projets institutionnels. Son exercice individuel ou collectif requiert la définition d’un cadre d’intervention complexe aux composantes diverses, modalités pratiques du processus, méthode et règles, fréquence le lieu et des rencontres. Dans cet espace, la personne ou le groupe pourront engager le travail sur leur propre fonctionnement, les contours du projet, les difficultés éventuelles de sa réalisation, les objectifs que l’on se propose d’atteindre, les modalités de l’échange.

On peut dire en poursuivant l’analogie avec le cinéma que la réussite ou l’échec de l’exercice seront influencés en partie par la qualité d’observation et l’éclairage apportée par les protagonistes : le travailleur social et l’usager, sur une construction rendue possible par ce cadre où s’exprimera (se réalisera) ensuite, au fil des rencontres, dans toute sa complexité un échange discursif particulier : la relation d’aide.

Ainsi comme pour le cinéma c’est de ce cadre que se déduit la définition du champ du travail social et non l’inverse.

Et de la même façon qu’il ne suffit pas de filmer des images pour être cinéaste, recevoir une personne et lui répondre sans avoir précisé le cadre ne définit pas le travail social.
Cette question de l’espace est moins abordé que la question du temps pour la rencontre, c’est ce que nous aborderons au cours de cet atelier en partant si possible d’exemples cliniques apportés par les participants et d’extraits de films documentaires permettant de repérer justement le cadre choisi et de ce fait les différents points de vue possibles.

L’archive du divorce : lorsque le droit guide la main
(par Fabien Deshayes, sociologue)

On ne compte plus les enquêtes sur le divorce. Tour à tour, elles nous racontent les coûts de l’enfant, la répartition inégale des rôles parentaux, la défaite implicite des femmes, n’en déplaise aux mouvements des pères.

Mais le divorce, c’est aussi un moment d’intense production d’archives de soi, de son couple, de son rôle et de son impact. Soudain, les actions passées sont réévaluées, les torts repensés, les comptes sont refaits à l’envi.

Les dossiers enflent à haute vitesse, encouragés par une procédure judiciaire qui s’inquiète et juge tout à la fois les biens communs et séparés, la garde des enfants, les coûts de leur entretien, le prix des sacrifices consentis par chacun pour les élever, les compensations que l’un doit à l’autre. Archiver, classer, trier, exhumer papiers et preuves, toutes ces actions font partie du quotidien de nombreux divorcé-e-s.

Pourtant, on les connaît peu, ces archives de soi. Que disent-elles de l’affection qui pointe ? Que nous disent-elles de ces individus hybrides, de ces parents soudain devenus des juristes d’eux-mêmes ?

À partir d’une archive écrite par un père et lue à haute voix, nous proposons d’en explorer le contenu, de suivre le sens des mots et du document, l’affection qui pointe, la revendication des droits. Nous verrons comment le droit irrigue le récit de quelques jours de la garde d’un enfant, entre anticipation, vengeance, recours à la justice et sentiments.

Modérateur de l’atelier : Numa Murard